Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a annulé sa déclaration de loi martiale controversée après une confrontation dramatique avec le parlement et des manifestations publiques massives. La crise de six heures, marquée par des déploiements de troupes, des patrouilles en hélicoptère et des affrontements devant l’Assemblée nationale, a plongé le pays plus profondément dans le tumulte politique et a laissé la présidence de Yoon suspendue à un fil.
La Loi Martiale Provoque le Chaos
Dans la nuit de mardi, Yoon a stupéfié la nation en déclarant la loi martiale, accusant le parlement contrôlé par l’opposition de soutenir des « forces pro-nord-coréennes » et de saper l’ordre constitutionnel du pays. Dans une allocution télévisée, il a promis d' »éradiquer les forces anti-étatiques » et a demandé aux citoyens de supporter des « inconvénients » temporaires pour le bien de la stabilité nationale.
La réaction a été rapide. Les législateurs de l’opposition, dirigés par le Parti démocratique, ont déclaré à l’unanimité que la loi martiale était « nulle et non avenue ». Le président de l’Assemblée nationale, Woo Won-shik, a dénoncé cette décision comme une attaque contre la démocratie, tandis que des centaines de manifestants se rassemblaient devant le parlement, exigeant la démission de Yoon. Les tensions ont augmenté alors que les manifestants s’affrontaient avec la police et tentaient de désarmer les troupes stationnées.
Une Crise Résolue mais Pas Oubliée
Dans la matinée de mercredi, le gouvernement de Yoon, sous une pression immense tant nationale qu’internationale, a levé l’ordre de loi martiale. La mesure a été formellement annulée à 4h30 du matin, et le personnel militaire s’est retiré des terrains de l’Assemblée peu après. C’était l’utilisation la plus dramatique de la loi martiale en Corée du Sud depuis la démocratisation en 1987 et un moment qui a souligné la fragilité de la stabilité politique de la nation.
L’administration Biden a exprimé des inquiétudes concernant les événements en cours. « Nous sommes sérieusement préoccupés par les développements que nous observons sur le terrain en ROK, » a déclaré un porte-parole du Conseil de sécurité nationale. Des responsables du Pentagone ont confirmé que les 28 500 soldats américains stationnés en Corée du Sud n’étaient pas affectés, soulignant les espoirs d’une résolution pacifique de la crise.
La menace de destitution plane
Le fiasco de la loi martiale a intensifié les appels à la destitution de Yoon. Le leader de l’opposition, Lee Jae-myung, qui a perdu de justesse contre Yoon lors de l’élection présidentielle de 2022, a condamné la déclaration comme « illégale et inconstitutionnelle. » Le Parti démocratique a donné à Yoon 72 heures pour démissionner ou faire face à des procédures de destitution.
Selon la loi sud-coréenne, la destitution nécessite un vote des deux tiers au parlement et l’approbation de la Cour constitutionnelle. Si elle réussit, Yoon serait suspendu, avec des élections organisées dans les 60 jours. Le Premier ministre Han Duck-soo assumerait la direction par intérim pendant le processus.
Même au sein du Parti du pouvoir populaire conservateur de Yoon, le dissentiment grandit. Le leader du parti, Han Dong-hoon, a qualifié la déclaration de loi martiale d’erreur, s’engageant à travailler avec le parlement pour rétablir l’ordre politique.
La présidence de Yoon au bord du gouffre
Depuis son entrée en fonction en 2022, Yoon a fait face à une opposition croissante d’un parlement contrôlé par ses rivaux politiques, ainsi qu’à des accusations d’autoritarisme et de corruption. Son coup de poker de loi martiale, destiné à affirmer son contrôle, pourrait avoir échoué de manière spectaculaire, aliénant davantage les électeurs et les législateurs.
Avec des taux d’approbation déjà à des niveaux historiquement bas, la capacité de Yoon à se remettre de cette crise semble de plus en plus incertaine. Alors que la Corée du Sud navigue à travers ce moment de bouleversement politique, les jours à venir détermineront si la présidence de Yoon peut survivre ou si le pays se dirigera vers une mise en accusation historique.