Dans un tournant surprenant des événements, le Premier ministre slovaque Robert Fico aurait proposé de servir d’intermédiaire pour des pourparlers de paix entre la Russie et l’Ukraine, selon le président russe Vladimir Poutine. Lors d’une conférence de presse suivant le Conseil économique suprême eurasien à Leningrad, Poutine a reconnu la proposition de Fico comme « une alternative acceptable », en soulignant la neutralité perçue de la Slovaquie.
La Proposition Qui a Soulevé des Sourcils
Lors d’une récente visite non annoncée à Moscou, Fico a dit à Poutine que la Slovaquie était prête à négocier la paix pour mettre fin au conflit en cours entre la Russie et l’Ukraine. Bien qu’aucune déclaration officielle n’ait été faite au moment de leur rencontre, Fico a ensuite laissé entendre sur les réseaux sociaux que les discussions avaient porté sur « les possibilités d’amener la guerre à une fin pacifique ».
Poutine a semblé ouvert à l’idée, disant aux journalistes : « Si cela en vient là, pourquoi pas ? Parce que la Slovaquie adopte une position neutre de notre point de vue. Pour nous, c’est une alternative acceptable. »
Cependant, la proposition a suscité un débat intense à travers l’Europe et au-delà, les critiques remettant en question la véritable neutralité de la Slovaquie et les motivations de Fico.
L’Alignement de Fico avec Moscou
Fico s’est positionné comme un fervent défenseur de Moscou au sein de l’Union européenne, rejoignant le Premier ministre hongrois Viktor Orbán pour s’opposer à l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN. Il a promis de stopper toute aide militaire slovaque supplémentaire à Kyiv et a constamment critiqué le soutien occidental à l’Ukraine.
La visite de Fico à Moscou le 22 décembre, au cours de laquelle il a rencontré Poutine, a d’abord été présentée comme une tentative de résoudre les préoccupations énergétiques liées à l’expiration d’un contrat de livraison de gaz russe à la fin de 2024. Cependant, la révélation de son offre de pourparlers de paix a déplacé l’attention vers ses liens croissants avec le Kremlin.
Ajoutant à la controverse, Fico a promis d’assister aux célébrations du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale en mai 2025, un geste perçu comme une rupture de l’isolement international de la Russie.
Réactions de Kyiv et de l’opposition slovaque
La proposition de pourparlers de paix n’a pas été bien accueillie à Kyiv. Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a accusé Fico d’être trop dépendant de Moscou, mettant en question les motivations derrière ses actions. “Pourquoi ce leader [Fico] est-il si dépendant de Moscou ?” a écrit Zelenskyy sur X. “Qu’est-ce qui lui est payé, et avec quoi paie-t-il ?”
Le leader de l’opposition slovaque, Michal Šimečka, a également été critique, affirmant que toute paix significative nécessiterait que la Russie mette fin à son agression. “Si l’armée russe cesse ses attaques, ils [Fico et Poutine] sont les bienvenus pour parler de paix sur le porche de Fico s’ils le souhaitent,” a plaisanté Šimečka.
Quels sont les enjeux ?
La position controversée de Fico sur la Russie et l’Ukraine l’a non seulement isolé de nombreux dirigeants de l’UE, mais a également suscité des inquiétudes quant au rôle de la Slovaquie au sein de l’Union européenne. Son appel à des pourparlers de paix, bien que potentiellement révolutionnaire, est perçu par beaucoup comme une tentative à peine déguisée de séduire Moscou à un moment où la pression internationale sur la Russie augmente.
Avec le scepticisme entourant la neutralité de la Slovaquie, la proposition pourrait rencontrer des obstacles significatifs pour gagner du terrain parmi les alliés de l’Ukraine. La critique acerbe de Zelenskyy et l’absence de déclaration conjointe de Fico et Poutine après leur rencontre soulignent les défis pour faire avancer de tels pourparlers.