Le chancelier allemand Olaf Scholz est sous le feu des critiques alors que le scandale fiscal “cum-ex” de 36 milliards d’euros refait surface, soulevant des questions sur ses transactions passées et menaçant de faire dérailler sa campagne déjà en difficulté avant les élections anticipées de février.
Scholz doit faire face vendredi à la commission d’enquête parlementaire de Hambourg pour la troisième fois concernant son éventuelle implication dans le scandale. Bien qu’il ne soit pas directement accusé de fraude, l’enquête se concentre sur son mandat en tant que maire de Hambourg et son lien avec HSH Nordbank, une banque d’État impliquée dans le vaste schéma d’évasion fiscale.
Le Scandale Cum-Ex Expliqué
Le scandale “cum-ex”, l’un des plus grands cas de fraude fiscale de l’histoire européenne, impliquait des banques, des entreprises et des individus exploitant une faille pour réclamer plusieurs remboursements pour l’impôt sur les plus-values qu’ils n’avaient pas payé. HSH Nordbank, l’une des banques impliquées, a payé 126 millions d’euros en 2014 pour répondre aux allégations liées à des transactions de 2008 à 2011.
Les opposants politiques de Scholz l’ont accusé de ne pas avoir divulgué toutes les transactions pertinentes pendant son mandat de maire. Julia Klöckner, une législatrice senior de l’opposition Union chrétienne-démocrate, a déclaré : “Scholz est responsable du fait que l’État a perdu des millions d’euros d’argent des contribuables. Cela impactera sans aucun doute sa crédibilité pendant la campagne électorale.”
Les Répercussions Politiques S’intensifient
Le moment de ce nouvel examen ne pourrait pas être pire pour Scholz. Suite à l’effondrement de sa coalition à trois partis, son Parti social-démocrate de centre-gauche est désormais en troisième position dans les sondages. Les critiques soutiennent que sa gestion du scandale cum-ex met en lumière des problèmes systémiques dans l’approche de l’Allemagne face aux crimes financiers et renforce la méfiance du public envers son leadership.
Les enquêteurs se sont demandés si Scholz avait intervenu en faveur de M.M. Warburg & Co., une autre banque impliquée dans le schéma. Bien que Scholz ait nié toute faute, ses déclarations répétées sur son incapacité à se souvenir des réunions privées avec Christian Olearius, l’ancien directeur de la banque, ont alimenté les soupçons.
Problèmes systémiques et poursuites faibles
Le scandale cum-ex a révélé de plus larges faiblesses dans la poursuite des crimes financiers en Allemagne. Anne Brorhilker, l’ancienne procureure principale sur les affaires cum-ex, a décrit les défis liés à la poursuite des criminels en col blanc, citant des ressources insuffisantes, des systèmes informatiques obsolètes et une bureaucratie excessive.
“Les criminels en col blanc ayant accès à des cabinets d’avocats coûteux sont souvent écartés trop rapidement des procédures pénales,” a déclaré Brorhilker. Depuis sa démission plus tôt cette année, les progrès des enquêtes ont stagné, avec 133 affaires impliquant 1 700 accusés toujours en attente.
Campagne électorale sur la glace mince
Alors que l’Allemagne se prépare pour les élections de février, la survie politique de Scholz est en jeu. L’opposition tire parti du scandale, le présentant comme un symbole de son échec à protéger les fonds publics. Pendant ce temps, la confiance du public en Scholz continue de s’éroder, beaucoup remettant en question sa capacité à diriger face à des crises croissantes.
Le scandale cum-ex pourrait non seulement ternir l’héritage de Scholz, mais aussi servir d’avertissement sur les dangers de la complaisance dans la lutte contre les crimes financiers à grande échelle.